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PandAI

PandAI

Un roman inspiré de la réalité écrit pendant les quinze prochains jours de confinement.


Chapitre 12: Noir

Publié par Pandai Man sur 10 Avril 2020, 22:56pm

5h du matin, 8h30 heure locale, Luc était dans sa chambre d'hôtel en train de briefer l’équipe d’intervention du GIGN dont Jeff, le chef, avait pris le commandement des opérations. Avec les nouveaux éléments transmis par l’équipe d’Aido, Luc et son équipe avait réussi à isoler le groupement qui avait commandité l’attaque au virus en France, en Italie et en Espagne: il s’agissait d’un ensemble de plusieurs individus localisé dans un bâtiment situé dans les quartiers nord de Babol en bordure de la mer Caspienne. La Défense nationale avait aider à affiner les recherches grâces aux images satellites de grande précision et de données cryptographiques sur les réseaux privés. L’adresse qu’ils avaient trouvée était le lieu où les messages transmis par Kamal atterrissaient: ce devait sans aucun doute être un des centres de décision ou de préparation des opérations. Luc devait avec le GIGN se rendre sur place pour identifier et intercepter tous les membres de la cellule. Ils savaient tous qu’intercepter une cellule ne suffisait pas à endiguer les attaques par d’autres cellules mais cela ralentissait considérablement l’organisation des autres. Luc terminait de briefer l’équipe sur la nature des individus du groupe BONZAI qu’ils avaient réussi à coincer en Belgique. Jeff prit le relais en montrant sur sa tablette un plan de la ville

- L’opération CASPI consiste à neutraliser les individus du site composé d’un appartement situé dans ce bâtiment. Nous intervenons en deux temps: d’abord le groupe A se poste sur les toits en observation à la lunette. Je veux un camouflage impeccable, discrétion absolue. Le groupe B reste positionné dans l’arrière cours où il y a un accès direct au premier étage où est situé l’appartement. 

Il afficha ensuite un plan d’intérieur de l’appartement:

- Il y a  3 pièces dont une qui donne sur la terrasse. Je suppose que les pièces les plus à risque sont les deux autres. On n’intervient que quand le groupe A a dénombré tous les individus à la caméra thermique et après que le groupe B aient confirmé par l’endoscope. A mon go on intervient: bombe flash et pas une balle messieurs. On fait propre. Si une menace apparait, on neutralise par un tir non létal. Compris ?

- Oui chef.

Luc fut impressionné par l’arsenal accompagnant le groupe: AWS pour les tirs de précision, BREN 2 comme fusil d’assaut permettant de percer un gilet pare-balles, seul le TAZER G26 pour neutraliser simplement les premiers individus passait pour un jouet, un gros jouet.

Pendant le trajet sur le lieu de l’opération, Luc sentit le stress monter et la concentration gagner chaque membre de l’équipe répartie en deux véhicules. Le conducteur s’adressa à son collègue assis coté passager:

- Tu crois vraiment que Steve va rester calme ?

- Oh non, avec ce que ce putain de virus a fait à sa mère, ca m’étonnerait. Je crois qu’on va se régaler, répondit le collègue en armant une balle dans la chambre de tir.

Luc se préparait à vivre un vrai carnage.

 

15h au CHU de Marseille, bâtiment d’analyses biologiques, Julie retirait ses gants. Elle venait enfin de terminer ses analyses et son humeur était plutôt pessimiste: la lumière bleue brisait partiellement la structure du complexe X231-55 - COVID-19, changeant ses propriétés. Elle retrouvait bien cela dans le sang d’Olivia qu’elle avait reçu en express le matin même. Le seul remède efficace jusqu’ici tombait à l’eau à cause d’un facteur environnemental, présent dans toute lumière naturelle et émise en quantité non négligeable par les écrans d’ordinateurs et de smartphones éclairés aux LEDs. Le Pr Richard reçut immédiatement l’information sur son BIP et ceci confirma l’information qu’il avait reçu ce matin: déjà 12 patients de l’étude clinique qui avaient reçu XEON étaient décédés en moins de 48h d’encéphalite aigüe. 

Trois jours auparavant, HEXAGONE avait donné ses recommandations de prescrire en masse le DUVOX et il estimait qu’environ 5 millions de personnes contaminées en Europe l’avaient déjà reçu.

Le Pr Richard se préparait à vivre un vrai carnage.

 

18h15, Tom reçut le message du Professeur confirmant l’hypothèse de la lumière bleue et indiquant d’éloigner Olivia de tout rayonnement bleu pouvant altérer le complexe XEON-COVID-19. Il fallait au moins attendre 20 jours pour que ce complexe moléculaire soit définitivement évacué de son corps et que la lumière bleue ne représente plus aucun danger.

Un confinement total dans le noir, songea t’il. De toute manière le gouvernement allait annoncer le prolongement du confinement malgré une baisse substantielle des chiffres d’admission des patients: les décès continuaient de grimper et il ne fallait surtout pas relâcher l’effort national qui avait mené à ces résultats. Le plateau était atteint mais nul ne savait quand le pic serait franchi même avec le remède XEON déjà innoculé à plusieurs millions de patients.

Dans cette nouvelle épreuve du noir contre le bleue, Tom reconnut tout de même le bonheur d’avoir auprès de lui sa famille réunie, saine et sauve. Il avait prévenu ses parents et beau-parents des rebondissements qu’Olivia avaient pu vivre en quelques jours et tout le monde avait hâte de se retrouver: ca allait au moins durer 20 jours de plus.

Alors qu’il terminait de rédiger un compte rendu de réunion tenue avec l’un de ses clients, Tom reçut une notification de Joris sur son outil de chat interne:

\ JORIS >: Tom, tu te rappelles que je t’ai parlé du choix délibéré de DAPHNEE d’abandonner des molécules ayant le même score que XEON ? J’ai un doute maintenant. 

\ TOM >: Précise ?

\ JORIS >: En parcourant les logs de DAPHNEE, j’ai vu un accès à sa configuration pendant la recherche: Kamal.

\ TOM >: Ah… ca se pourrait donc qu’il ait délibérément rejeté les candidats et sélectionné XEON, n’est ce pas.

\ JORIS >: Oui, je n’en suis pas sur. 

Tom fut déçu par cette révélation, lui qui croyait avoir inventé la conscience artificielle. 

\ TOM >: Tu lui coupes tous les accès dès maintenant. De toute manière Bardou l’a mis sur écoute et a placé une sentinelle. 

\ JORIS >: C’est fait. De toute manière, je n’ai plus aucun signe de vie depuis hier. A croire qu’il se doute de quelque chose.

\ TOM >: Merci, Joris.

Dans ces moments là, Tom se sentait seul: seul aux manettes et seul devant les responsabilités. Il avait vécu beaucoup de moments dans sa vie de dirigeant où le succès pouvait passer d’un côté comme de l’autre et avec une violence extrême.

Il aimait d’ailleurs se retrouver avec ses amis entrepreneurs de la Tech française, le soir après le travail pour partager leurs doutes, leurs pratiques, leurs outils, leurs problèmes. C’était gagner sur la solitude du chef d’entreprise et parfois cela permettait de se rassurer sur sa propre situation, de faire la part des choses. Certains étaient très rock’n roll ne voyant pas plus loin que la fin du mois et d’autres vivaient de grands moments de négociation pouvant changer leurs vies après tant d’efforts. De nombreuses fois les situations s’inversaient. Comme ils avaient souvent l’habitude de dire: “Une entreprise c’est comme pour un bébé: petit, petits problèmes…” en analogie à la hauteur des vagues augmentant de plus en plus avec le temps. 

A ce moment précis, Tom désirait être avec son groupe pour partager ce qui lui arrivait.

Il ne revenait pas du stratagème employé par ce groupe d'extrémistes: pénétrer une start-up et influencer les résultats pour produire une molécule sournoise, un véritable poison. Il était responsable de l’embauche de ce terroriste, de DAPHNEE qui avait donné cette molécule, de ses résultats. Comment allait il se sortir de cette situation ? Comment la presse allait elle réagir à ces nouvelles révélations ? 

Tom se préparait à vivre un vrai carnage.

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