Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

PandAI

PandAI

Un roman inspiré de la réalité écrit pendant les quinze prochains jours de confinement.


Chapitre 9: Olivia

Publié par Pandai Man sur 7 Avril 2020, 21:35pm

10h, Colette était très inquiète pour Olivia. Son état n’avait fait qu’empirer: baisse de tension, le taux d’Oxygène dans le sang était aussi en chut libre. Elle l’observait dans sa petite chambre, allongée sur le ventre avec tous ces tubes qui la reliaient à la vie. Peut être que ce doux visage allait peut être disparaître à jamais en laissant un mari et deux enfants derrière lui.

- Allez on arrête de pleurnicher. Olivia, cette journée va être exceptionnelle, lui dit elle tout bas. Tu vas te battre et lui mettre la misère à cette saleté et tu vas le montrer à tes enfants. C’est ton combat, c’est ton Koh Lanta à toi et ca se passe maintenant. Alors bats toi ! 

Elle fit couler de l’eau chaude dans une petite bassine et pris un gant de toilette.

- Maintenant, je vais te faire toute belle pour que tu ailles jusqu’aux poteaux. Tu le mérites ma belle.

A peine avait elle commencé à passer le gant chaud sur le dos d’Olivia que la porte s’ouvrit. 

Tom arrivait encore essouflé: il avait du dormir à Marseille suite à l’épisode de la veille et rentrait tout juste de l’aéroport avec les cheveux encore tout ébouriffés par le sommeil dans l’avion.

- Bonjour Colette. Oh ma pauvre puce ! dit il en lâchant son sac et se précipitant au contact de sa femme. Comment va t’elle demanda t’il encore sous le choc

- C’est pas joli mais elle va se battre. Son taux d’oxygène est très bas et la fièvre ne tombe pas. Ça s’est dégradé cette nuit: les alarmes ont sonné et nous lui avons administré un vasodilatateur.

Tom était impuissant, il prit la main de sa femme et sentit la tension de celle-ci: elle sentait sa présence. Soudain, les alarmes se mirent à sonner: Colette surgit sur les appareils, Olivia s’enfonçait et ne respirait plus. Bouton urgence, arrivée des collègues, Tom vit la scène au ralenti, comme dans le brouillard, les bruits assourdis par un acouphène strident dans les oreilles. On l’emmenait de force hors de la pièce, les gens couraient vers le lit d’Olivia, il se laissait glisser hors du cadre, les yeux au plafond en cherchant peut être un signe de l’âme d’Olivia qui quittait son corps. On le posa sur le banc d’attente dans le couloir et petit à petit il repris ses esprits et les sons revinrent naturellement dont celui des alarmes qui bipaient fortement derrière le mur dans son dos. Non, leur histoire ne pouvait finir ainsi, pas après vingt an d’amour partagé avec elle, ils avaient encore d’autres moments à vivre ensemble, en famille, en couple, à la retraite peut être. Quel comble d’avoir trouvé l’antidote et de perdre sa moitié.

Tom eu un éclair de lucidité poussé par l’adrénaline: il se leva avec son sac et se dirigea vers le cadre de porte. Le personnel était impuissant, en train de regarder l’horloge pour assister à la fin de vie d’Olivia. Tom ouvrit son sac, en extirpa la boîte de DUVOX qu’il déchira avec les dents. Il n’hésita pas à planter l’aiguille directement dans les poumons d’Olivia pour lui injecter sa dose de XEON et lui murmura à l’oreille:

- Bats toi ma chérie, je suis là avec toi !

Le personnel ne comprenait pas l’intervention de Tom mais avait laissé faire pour qu’il puisse faire ses adieux à Olivia. Tom parlait encore à l’oreille d’Olivia mais les constantes étaient au plus bas: seul le coeur tenait encore mais avec un taux d’oxygène si bas il fallait craindre des séquelles au cerveau. Il n’y avait plus grand chose à faire. Tout le monde sortit de la pièce pour laisser de l’intimité à Tom et Olivia. Colette resta dans le cadre de la porte en se demandant si sa mort ressemblerait à celle-ci. Son mari lui dirait il des mots doux en lui tenant la main comme le faisait actuellement Tom ? Elle s’approcha de l’appareil qui continuait de biper pour le mettre en sourdine quand soudain celui-ci s’arrêta spontanément: le taux d’oxygène remontait, tout comme sa tension sanguine. Colette observa quelques minutes le phénomène pour être sûre de croire ce qu’elle observait: Olivia tenait bon sur les poteaux et voulait disputer le match final.

 

15h Tom avait pu dormir quelques heures dans le dernier local disponible pour la pause du personnel. La matinée avait été la plus longue de sa vie mais heureusement Olivia semblait aller beaucoup mieux, sa peau avait retrouvé sa couleurs rose qu’il affectionnait tant. 

Ses constantes étaient redevenues normales au bout de deux heures et on arrêtait de la sédater. Elle n’était plus intubée mais somnolait encore à moitié, shootée par toutes ces épreuves. 

Le directeur du CHU vint retrouver Tom: 

- Tom ? Je suis le responsable de l’établissement. Nous avons peu de temps: dites moi comment vous avez eu l’idée de lui injecter ce composé ? Vous n’êtes pas médecin je crois ?

- C’est une longue histoire et je vous propose de me suivre car j’allais justement informer une sommité en infection.

- Qui donc ? Le Pr Richard à Marseille, dit il sur le ton de la plaisanterie.

- Ah vous le connaissez, renchérit Tom. Allo Pr Richard, je suis avec le directeur de l'hôpital Necker à Paris. 

- Bonjour Tom, bien rentré ? Vous vous êtes remis de ce petit incident qui aurait pu nous coûter cher hier ?

Le visage du responsable de Necker était décomposé: il n’en croyait pas ses oreilles que le médiatique Pr Richard était au bout du fil et manifestement dans l’intimité avec Tom. Sa boutade le faisait maintenant passer pour un bougre.

- Professeur, ma femme a sombré au bord de l'abîme et j’ai du lui administrer le composé que vous m’avez offert hier au moment ou elle ne respirait plus. 

- Vous avez fait ca Tom ? Nom de Zeus ! Ca c’est osé mais je comprends votre geste et j’en suis navré. Mais que me voulez vous, je ne suis en rien responsable de votre geste. Je suis désolé pour votre femme, Tom, mais vous avez fait ce que vous avez pu.

- Professeur, ma femme est en rémission depuis quelques heures. Elle est vivante ! cria t’il.

- Tom passez moi le directeur de Necker.

En quelques minutes, les échanges entre les deux personnages furent si intenses que Tom ne comprit pas grand chose à part la conclusion:

- Tom, je contacte le conseiller du Président et la commission nationale de santé pour parler de ce résultat et d’examiner au plus vite la prescription du XEON sous forme DUVOX aux patients touchés.

Il fallait aller vite: déjà plus d’1,4 millions de personnes contaminées dans le monde dont 80 000 décès et on voyait déjà un pic arriver lié aux contaminations dans les EHPAD.

 

19h, en chemin, Tom parcourut le périphérique parisien, seul, tel le héros dans un film de science fiction à scénario de chao post apocalyptique. Il songeait déjà à ses enfants qu’il allait récupérer chez ses ses voisins et leur visage quand il allait annoncer le retour de leur mère le lendemain. Il mit la radio et se laissa bercer par une musique d’auteur inconnu: elle lui rappelait celle d’Ennio Morricone pour le film “Il était une fois dans l’ouest”, nostalgique et si pleine d’espoir, tournée vers le présent si abrupte mais aussi vers un futur si doux et à rebatir. Le son s’arrêta net et il vit sur l’écran de sa Tesla le nom de Joris:

- Allo Joris ? Tu vas bien ?

- Salut Tom. Ca farte plein fer ici: on continue de prévoir les chemins sur les nouvelles données et on investigue aussi quelques détails qui nous troublent. 

- Vas-y dis moi. De quoi s’agit il ?

- DAPHNEE a trouvé la meilleur molécule en quelques heures: XEON. Il se trouve que la technique adoptée par notre AI a été particulièrement malicieuse en rejetant rapidement d’autres molécules candidates présentant des portions identiques à celles en échec. Mais j’avais tout de même un doute sur le score des cellules écartées alors j’en ai pris deux hasard et l’une des deux a produit le même score que XEON. 

- Surement un score un peu inférieur à XEON, c’est normal de trouver des candidats avec un score un peu inférieur et tu as juste eu de la chance de tomber dessus.

- J’ai mis Kamal notre stagiaire immédiatement sur le sujet et il a pu développer un algortihme pour évaluer le score de toutes les molécules écartées. Bien sur cela à mis quasiment deux jours mais nous avons trouvé d’autres molécules avec le même score que XEON.

- Tu en as trouvé combien ?

- 83

Tom pâlit à l’idée que les molécules aient été écartées spontanément par DAPHNEE: cela ne voulait pas dire grand chose puisque le niveau d’inhibition du COVID-19 aurait été le même avec l’une ou l’autre mais toutefois, il salua l’intelligence de l’ordinateur de faire son propre arbitrage quant au critère pour trouver la solution: le plus rapidement au moins une solution ou toutes les solutions sans contrainte de temps. Cette découverte le fascinait: son AI disposait-elle d’une conscience ? 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article

Archives

Articles récents